WINTZENHEIM. JAZ

Dans la Presse en 1982


(1982) L'usine à la maison. JAZ : à l'heure de l'informatique les réveils ne font plus tic-tac


[...] L'entreprise de Wintzenheim produit 600.000 réveils et pendules par an, mais elle ne fabrique pas de montres : celles qu'on y trouve ont été confiées pour réparations à son service après-vente. L'horlogerie, cependant, ne représente qu'une activité sur les trois secteurs que comporte l'usine : l'atelier plastique qui s'y est ouvert il y a six ans, travaille notamment pour l'armement, réalisant des lentilles optiques pour missiles. Quant au secteur informatique, lancé au début de cette année, il produit à un millier d'exemplaires par an, l'ordinateur "Alcyane", destiné aux applications professionnelles.

Le dernier réveil mécanique est sorti de l'usine de Wintzenheim il y a dix ans. En 1981, la société Jaz a été absorbé par Matra. L'heure est à l'électronique.

CIMH, SAP, CARAT, MATRA

A l'origine, la société fondée en 1919 portait le nom de "Compagnie industrielle de mécanique horlogère" (CIMH). Elle devait être reprise en 1948 par la "Société alsacienne de précision" (SAP), avant que celle-ci soit absorbée par la société Jaz de Paris. Jaz a également racheté, en 1952, l'usine suisse Carat, située rue de la Houblonnière à Colmar. En 1954, elle transférait toutes ses activités de production dans les murs de Wintzenheim. Sur un terrain de trois hectares, les bâtiments représentent 15.000 m² de surface couverte.

Les trois secteurs

Étant passée par un effectif de mille salariés en 1975, l'usine emploie actuellement 500 personnes : 300 dans l'horlogerie, 50 dans l'activité plastique, 150 pour l'informatique. "Nous avons procédé à des reconversions", explique Jean-Pierre Scholler, directeur du centre de Wintzenheim depuis juillet 1981. "Aujourd'hui, l'électronique tire de l'horlogerie, dont le marché baisse, suite à la concurrence de l'Extrême-Orient". Au titre des contrats de solidarité, une vingtaine d'anciens ont quitté la maison en octobre, autant partiront jusqu'en mars. Pour 500 salariés, Jaz compte près de 350 femmes. La masse salariale de l'établissement représente 45 millions de francs, charges comprises. Pour 1982, Jaz paiera 1,5 million de taxe professionnelle.

600.000 par an

Avec 600.000 réveils, pendules et pendulettes par an, qui portent la marque Jaz en haut de gamme, la marque Japy quand ils ont moins de style, la part de la société constitue plus de 20% du marché horloger français. L'ensemble des productions est maintenant doté de mouvements à quartz. M. Scholler "Nous avons sorti 80 nouveautés de réveils à l'occasion du salon de la bijouterie en septembre dernier. En 1983, nous nous consacrerons au renouvèlement des pendules." Le service marketing du siège à Paris définit les grandes lignes de nouvelles collections, qui sont ensuite affinées en collaboration avec les dessinateurs de Wintzenheim. La durée de fabrication d'un modèle va de trois à dix ans, les séries qui ont le plus de succès montant jusqu'à deux millions d'exemplaires.

La route de l'Amérique

Les expéditions pour la France (à noter que Jaz, début novembre, a rapatrié à Wintzenheim les magasins d'expédition installés dans les bâtiments qu'il louait à Wihr-au-Val Nouvelle Auberge) sont adressées directement aux clients, pour l'essentiel horlogers-bijoutiers. L'usine organise à leur intention des stages de formation, qui réunissent une quinzaine de professionnels tous les mois.

Les ventes à l'exportation, soit 20% de la production, sont faites par l'intermédiaire du réseau commercial de Seiko, marque dont les mouvements équipent le matériel Jaz. Les exportations sont, pour l'instant, destinées uniquement aux États-Unis et au Canada, où plus de 100.000 réveils et pendules devraient être vendus cette année. L'ambition pour 1983 est d'étendre les ventes au reste du monde. "Le catamaran Jaz de Peyron, qui a fini second dans la route du Rhum, est un symbole de notre percée en Amérique" note avec satisfaction M. Scholler.

Changer la pile

Avec les montres fabriquées par les autres unités de la branche horlogère de Matra qui passent à Wintzenheim pour y subir des contrôles ou passer les tests de qualification, les expéditions représentent 1,5 million d'articles par an. Les ateliers de réparations après-vente sont situés au sous-sol de l'usine (où le restaurant d'entreprise assure deux services de 150 couverts par jour). Les magasins conservent les pièces détachées de tous les modèles réalisés depuis dix ans, du mécanique au mouvement à quartz. M. Scholler : "Bien que les horlogers réparent de moins en moins eux-mêmes, les retours pour réparation diminuent. Et dans les montres qu'on nous renvoie, il suffit souvent de changer la pile".

Des lentilles pour missiles

Le secteur plastique de l'usine travaille à la fois pour l'horlogerie et pour l'informatique. Pour la première, il réalise 600.000 écrins par an, dont un modèle fabriqué jusqu'au mois dernier en Allemagne, a été repris à Wintzenheim. Pour la seconde, il fournit notamment les consoles d'ordinateurs. Par ailleurs, l'atelier produit aussi des lentilles optiques de haute précision pour application militaire, dans les missiles. Au total, cinq millions de pièces sortent par an, moulées sur des presses de 18t à 450t. Le parc de machines allemandes est remplacé petit à petit par des machines françaises. L'atelier peinture est en cours de réaménagement. Ce secteur, contrairement aux deux autres dont les horaires vont de 7h30 16h30, fonctionne en deux équipes de huit heures.

L'ordinateur "Alcyane"

Depuis un an, l'usine Jaz loue une partie de ses locaux à la société Matra-Tandy-Électronique, à laquelle une soixantaine de personnes de son effectif ont été mutées, et qui produit un millier d'ordinateurs par mois. Cette société est cependant bien distincte de Jaz. Les ateliers informatiques de Jaz travaillent dans la gamme au-dessus de ce que fait Tandy : pour le compte de MBC, qui fait partie de la branche informatique de Matra, ils réalisent l'ordinateur "Alcyane", diffusé en France à l'usage des professionnels, notaires, pharmaciens, etc. Cet ordinateur est fabriqué à raison de mille exemplaires par an. L'activité informatique porte aussi sur l'élaboration des circuits imprimés pour ordinateurs. "Alcyane" est utilisé dans les bureaux mêmes de Wintzenheim pour la gestion et le travail administratif.

Le club des soixante

En sous-traitance pour la branche télécom de Matra, l'usine Jaz monte des ronfleurs téléphoniques, au rythme de quelques milliers par mois. La diversification pallie les temps creux de l'horlogerie. "1983 sera sans doute assez dure" prévoit M. Scholler "mais nous avons des espoirs de développement en 1984-85, surtout dans la partie informatique". Pour lancer ce secteur, Jaz fait venir des techniciens et électroniciens de Mulhouse et Longwy. M. Scholler : "Nous avons créé depuis, un club de micro-informatique qui, en-dehors des heures de travail, rassemble une soixantaine de personnes. Parmi elles, beaucoup n'avaient jamais vu d'ordinateur avant l'an dernier".

(Article de Pierre Maenner paru dans L'Alsace du 3 décembre 1982)


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