WINTZENHEIM. JAZ

Dans la Presse en 1981


1981 - Jaz Wintzenheim, la grande mutation : Toutes voiles dehors, cap sur l'horizon 2000...


Comme d'autres entreprises locales qui ont passé ou qui traversent encore un cap difficile, l'usine JAZ a fait parler d'elle.

En automne 1980 des conflits sociaux y éclataient à la suite de suppressions d'emplois : sur 90 licenciements demandés par la direction, 69 étaient acceptés par l'inspection du travail. Jaz, qui comptait entre 800 et 900 salariés il y a trois ans, se retrouve aujourd'hui, par la double soustraction des postes non pourvus à la suite de départs et de suppressions d'emplois, avec un effectif de 520 personnes.

On a craint le pire. Les rumeurs circulaient : Jaz n'est plus assez compétitif pour survivre. Jaz ne pourra demeurer dans sa forme actuelle, Jaz est appelé à disparaître... à moins de devenir, au sein de Matra, autre chose qu'une fabrique horlogère.

Puis on n'a plus parlé de Jaz.

A la mi-août 1981, Jaz sortait de l'ombre, on annonçait les investissements de la firme américaine Tandy, permettant une nouvelle production de l'usine : celle des micro-ordinateurs.

Cette orientation vers l'informatique - l'avenir - a été concrétisée par la signature en octobre dernier, de l'accord Matra-Tandy. En réalité, Jaz avait amorcé le virage dès le début de l'année, par la transformation de ses structures et la formation de son personnel.

Les mois ont passé. Que devient Jaz ? Reste-t-il ou que reste-t-il de l'activité horlogère ? Comment se présentent les nouvelles activités dans le secteur de l'informatique ?

Nous l'avons demandé à ses dirigeants : MM. Jean-Pierre Scholler, directeur de l'usine, et Pierre Quétard, directeur des affaires civiles de Matra.

Jaz Wintzenheim

Du nouveau dans le secteur horlogerie : une chaîne de montage des pendules. Elle va du premier stade de l'assemblage des pièces à l'emballage
(Photo DN - Bernard Schmidlé)

Une double production

- La première vocation de Jaz est horlogère, disent-ils. Elle le restera. La production de l'usine demeure celle des "gros volumes" de l'horlogerie (réveils, pendules murales, etc.). L'activité industrielle électronique qui est venue s'y ajouter concerne l'informatique et la micro-informatique.

Il s'agit de fabrication, pour certaines pièces produites sur place, et de montage pour tous les micro-ordinateurs qui sortiront de l'usine. Donc une production partielle et la mise sur pied du produit fini sont les deux aspects de cette nouvelle activité, qui nécessite l'implantation d'un important matériel électronique.

- Le programme est en cours de réalisation, précise M. Quétard.

Il y aura pour une grande part de matériel de tests : le bureau d'industrialisation sera développé sur place. Au cours de l'année à venir les équipements destinés à cette mutation seront définitivement installés. L'usine doit arriver au terme de son évolution à la fin de 1982.

Horlogerie : objectif "haut de gamme"

La marque "Jaz" va donc conserver toute sa signification en horlogerie. Pourtant elle ne couvrira plus le même produit qu'autrefois.

L'usine Jaz, en effet, fabriquait les "mouvements" de l'horlogerie qu'elle commercialisait, pour la plus grande partie en tout cas. Or la concurrence technologique d'autres pays, et en particulier celle du Japon, est considérable, on le sait. C'est donc un sentier moins battu qui a été choisi pour la nouvelle production de l'entreprise, un "créneau" de haut de gamme, qui doit permettre l'attaque du marché grâce à une collection de produits conçus pour offrir des qualités de fiabilité, de style, d'esthétique ou d'originalité longuement étudiées.

Exportation : en avant toute

Quel marché ? Jaz exportait peu, dans sa formule ancienne. C'est là, justement, que tout doit changer : l'attaque de Jaz nouvelle formule vise les marchés internationaux. Les nouveaux produits, qui sont en gestation depuis avril dernier et qui se "lancent" actuellement avant de passer, d'ici la fin du premier trimestre 1982 à la phase industrielle, doivent conquérir leur place au soleil.

- Introduire un "style" qui permette de faire la différence dans le marché, telle est la formule des dirigeants de Jaz pour définir l'objectif de leur nouvelle politique.

Un objectif qui se chiffre : 30 % de la fabrication de Jaz est prévue pour l'exportation de "gros volumes" d'horlogerie, mis au point grâce à l'apport de la technologie la plus avancée (les mouvements japonais, en grande partie) et au savoir-faire d'une entreprise entièrement tournée vers la "qualité".

Jaz ne perdra donc pas son nom dans l'industrie horlogère. Mais là ne sera plus sa limite, car ce nom doit s'attacher bientôt à l'informatique et y chercher de nouvelles lettres de noblesse.

Des ordinateurs et des mini-ordinateurs, tout ce qui touche la micro-informatique et en particulier les appareils destinés à l'usage domestique - qui prendra de plus en plus d'ampleur dans les années à venir, c'est certain - tout cela est ou sera en partie produit, en partie monté chez Jaz.

- Nous visons la promotion de la micro-informatique individuelle, affirment les responsables. Jaz est maintenant orienté dan cette direction.

Ces produits, comme l'horlogerie, sont conçus dans une optique d'exportation : facilitée dans ce secteur par les Japonais qui doivent faire intervenir leurs réseaux de distribution.

L'avenir du micro-ordinateur domestique semble assuré :

- Nous allons partir là-dessus, et nous devrions monter en production au cours de 1982, dit M. Quétard.

Jaz Wintzenheim

Un atelier de micro-processeurs : le produit fini.

Et l'emploi ?

Avec une production originale direction  "an 2000", Jaz au sein de Matra semble sauvé. Et l'emploi ? Assuré, en principe, dans un premier temps, en 1982. Pour 1983 on peut espérer un développement, qui suivrait celui des activités.

Comment le personnel en place chez Jaz "ancienne formule" suit-il le mouvement ?

- Aucun problème, affirme la direction, puisqu'il s'agit par définition, en horlogerie, d'un personnel très qualifié. La formation a été commencée en 1981 déjà.

Une centaine de salariés ont été reconvertis à l'électronique. Il faudra compter y amener la moitié du personnel environ.

Tel est donc Jaz à Wintzenheim, en décembre 1981, au bout d'un passage difficile, au début d'une ère nouvelle. En pleine mutation pour un grand bond en avant. Aucun résultat ne sera tangible avant 1983. Rendez-vous dans deux ans.

(Source : Liliane Borin, DNA du mardi 15 décembre 1981)


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